jeudi 7 mai 2009

La liberté de la presse face la sécurité nationale : La RDC menace de coupe le signal de RFI.

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Apres que son voisin, le Rwanda, ait ordonné en 2006 l’arrêt de la diffusion sur son territoire des programmes de Radio France Internationale (RFI) sur la bande FM, suite à la rupture des relations diplomatiques de Kigali avec Paris, La République démocratique du Congo à travers son ministre de Communication et des médias, Lambert Mende Omalanga, menace de coupe le signal de RFI l’accusant de vouloir inciter à la partition du pays.
« Tout le monde suit ce que RFI est en train de faire sur le Congo, il s’amuse à jeter de l’huile sur le feu, systématiquement, et quand nous savons que, il circule des thèses, selon lesquelles, la République Démocratique du Congo, ne devrait pas exister dans ses frontières actuelles, qui veulent dire que le Congo doit être dépecé, parce qu’on ne peut pas le gérer à partir de Kinshasa, on se pose la question si ce média international là n’est pas au service de cet agenda, tant il se force de noircir, complètement et même artificiellement, le tableau, tant il s’efforce de nous empêcher de réaliser le programme de normalisation » s’est exprimé Lambert Mende, lundi le 04 Mai 2009 à Kinshasa, dans son discours en marge de la célébration de la Journée mondiale de la liberté de la presse.
« S’il faut absolument fermer le signal de certains médias pour des raisons liées à la sécurité du pays, le gouvernement le fera » a-t-il ajouté.
Le signal de RFI de Bunia, en Ituri, dans la province Oriental, relayé par radio Canal Révélation, a été coupé depuis trois jours. La décision a été transmise aux dirigeants de cette radio par les agents du poste principal local de l’ANR (Agence nationale des renseignements). Contacté à ce sujet, le ministre Congolais de communication et des medias a précisé que la décision du gouvernement de couper le signal de RFI est exclusivement prise pour le signal de Bunia, pour des raisons de sécurité, rapporte Radio Okapi (Une radio de la mission des Nations Unies au Congo) sur son cite Internet, www.radiookapi.net.

Certains journalistes congolais ne sont du même avis avec le ministre des medias.
Tel est le cas de L’ONG JED (Journalistes En Danger) qui a directement réagit à la menace du gouvernement congolais de couper le signal de Radio France internationale. La JED pense que couper le signal de RFI n’est pas la bonne solution. Pour le secrétaire général de cette ONG, cette décision va sans doute nuire à l’image du pays qui s’est engagé sur la voie de la démocratie, rapporte radiookapi.net
Pour Tshivis Tshivuadi, secrétaire général de Journaliste en danger, les accusations du ministre contre RFI ne justifient pas la décision de couper le signal de cette station de radio : « J’ai suivi les accusations du ministre contre RFI. Il l’accuse de vouloir inciter à la partition du pays. Evidemment, le ministre peut avoir des récriminations contre les informations diffusées par RFI, mais il ne peut pas avoir raison de vouloir couper le signal tout simplement. Cela va donner l’impression, en fait, qu’ici on tolère la liberté de la presse tant que les journalistes vont seulement dans le sens des thèses supportées par le gouvernement. »

Il n’y a pas que le Rwanda et la RDC

Au Niger, en mars 2008, le président du CSC (Conseil supérieur de la communication), Daouda Diallo, a décidé que “toutes les autorisations de diffusion en modulation de fréquence au Niger” de RFI “sont suspendues pour une période de trois mois”. Cette décision était motivée par des accusations selon lesquelles la RFI aurait discrédité les institutions de la République lors des émissions du lundi 10 mars 2008 consacrées à la détention de Monsieur Moussa Kaka, correspondant de RFI incarcéré et accusé de “complicité d’atteinte à l’autorité de l’Etat ».
Le rapport de Reporter Sans Frontière de 2007 sur la Mauritanie indique qu’en 2000, La Mauritanie, elle aussi a suspendu la diffusions des programmes de RFI sur son territoire qui ont été rétablies pares une série de négociations engagées avec le Gouvernement.

Dans le cadre de la Journée mondiale de la liberté de la presse, le Comité de protection des journalistes (CPJ), dont le siège est à New York, a cité dix pays où les conditions d'exercice du journalisme se sont gravement dégradées au cours des cinq dernières années.
Le directeur adjoint du Comité de protection des journalistes (CPJ), M. Robert Mahoney, considère le rapport sur ces 10 pays où la situation s'est détériorée comme un « cri d'alarme à l'intention de la presse mondiale pour qu'elle examine de près la situation des pays où la liberté de la presse est en régression ».
Lors de la conférence de presse que Le directeur adjoint du Comité de protection des journalistes (CPJ), M. Robert Mahoney, a donnée le 2 mai au siège de l'ONU, M. Mahoney a déclaré qu'en faisant connaître la « très grave détérioration de la situation de la presse dans ces pays », le CPJ cherchait à attirer l'attention sur l'action des pouvoirs publics dans ces pays en vue de mettre fin à cette régression, voire d'inverser cette tendance.
La « liste du déshonneur » du CPJ pour 2007 comprend l'Éthiopie, la Gambie, la Russie, la République démocratique du Congo, Cuba, le Pakistan, l'Égypte, l'Azerbaïdjan, le Maroc et la Thaïlande.

Maurice MUNYENTWALI

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